Primeurs 2022le millésime au goût de victoire.
Une victoire de la vigne qui a montré sa résilience face à une climatologie hors norme. Si elle a su résister à de longs épisodes chauds et secs, elle a bénéficié de nuits fraiches qui, contrairement à l’été 2003, ont préservé les acidités. D’autre part, les vignerons, forts de leur connaissance des terroirs, ont su également s’adapter afin de produire des vins pleins d’éclat et d’élégance.
La singularité de ce millésime réside dans le paradoxe de vins puissants mais délicats, à la richesse domptée par la finesse des tanins et la concentration alcoolique contrebalancée par de belles acidités.
En rouge, les vins sont certes denses, mais remarquables par leur harmonie. La climatologie subie s’est transformée en une alchimie : la chaleur et la sécheresse favorisant respectivement la suavité des alcools et la concentration tannique, et les nuits privilégiant une formidable fraîcheur.
Les blancs sont une belle surprise : le millésime s’exprime davantage dans l’aromatique complexe que dans la matière. Ils sont sans doute volumineux, mais les vignerons ont déployé tout leur savoir-faire pour conserver l’acidité, vectrice de « buvabilité ».
Côté liquoreux, les vignerons du Sauternais ont eux aussi eu leur lot de craintes… et pourtant ! Si le botrytis s’est développé très tardivement, la récolte est de grande qualité, avec des aromatiques exceptionnelles et une grande perspective de garde.
Les volumes des millésimes récents ont été impactés, souffrant de conditions météorologiques souvent extrêmes. Le gel, la chaleur ou encore la sécheresse n’ont pas épargné le vignoble bordelais ces dernières années. 2022 sera une fois de plus caractérisé par sa rareté, les épisodes caniculaires ayant eu raison des quantités produites.
« Excessif dans sa climatologie, le millésime 2022 semble avoir produit des vins étonnamment équilibrés et harmonieux, tanniques mais pulpeux, préservant une fraîcheur et un éclat typiques des grands Bordeaux. Comme toujours, c’est le vieillissement qui permettra de révéler leur potentiel réel, mais à ce stade ils apparaissent particulièrement prometteurs et littéralement exceptionnels. »
Axel Marchal, oenologue.